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Publié le : 30/04/2009 09:02:14
Mise à jour le : 29/04/2009 09:05:54
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Interview de Jean Paoli, Directeur Général Interopérabilité & Architecture XML chez Microsoft


Notre démarche de l’interopérabilité est à la fois structurée et pratique : En février, Microsoft dévoilait des « changements dans ses pratiques pour accroître l'ouverture de ses produits et favoriser l'interopérabilité ». (Microsoft joue l'ouverture et l'interopérabilité).

« Cela représente une étape importante et un changement majeur de partager les informations sur nos produits et nos technologies avec les développeurs, les partenaires et les clients »,  indiquait Steve Balmer à l'occasion de l'annonce.

Un an plus tard, Jean Paoli, Monsieur interopérabilité chez Microsoft fait le point sur les résultats et sur l'avancement de cette question. Propos recueillis par Guy Hervier.

Microsoft a annoncé les 4 principes de l'interopérabilité en février 2008. Microsoft découvre-t-il l'interopérabilité ?
Jean Paoli : Bien sûr que non. Microsoft, comme tous les autres fournisseurs, faisaient de l'interopérabilité depuis longtemps. Le fait par exemple de pouvoir brancher des imprimantes nécessitait d'avoir écrit les drivers. Mais la compréhension du besoin a augmenté doucement mais sûrement, grâce à la connectivité. Il y a quelques années encore, l'interopérabilité était un problème de professionnels de l'informatique. Aujourd'hui, c'est un problème pour l'utilisateur final. La rupture chez Microsoft est liée à la naissance du Web, quand Bill Gates a envoyé son fameux mail sur le « manifeste de l'Internet » en décembre 1995. C'est d'ailleurs à ce moment que Microsoft m'a contacté alors que je naviguais dans le monde d'Unix et de l'XML. Ensuite, ça s'est concrétisé chez Microsoft par .Net, puis Office.
Microsoft travaille aussi sur ces questions avec ses clients depuis longtemps, mais ce n'est que depuis deux ou trois ans que l'on a une approche structurée de l'interopérabilité en partant toujours du point de vue de l'utilisateur. Nous avons pris conscience que nous vivons dans un monde hétérogène car, avec Internet, le large bande, les mobiles,  la connectivité est partout. Aujourd'hui, la règle est que les objets communicants que nous utilisons tous les jours doivent fonctionner ensemble et de manière transparente pour l'utilisateur. Les problèmes d'interopérabilité doivent donc désormais être résolus de manière pratique.

Vous êtes responsable chez Microsoft de l'interopérabilité et de l'architecture XML chez Microsoft. Qu'est-ce que cela signifie et quelles sont vos ressources ?
J.P. : La petite équipe (quelques dizaines de personnes) dont j'ai la responsabilité est un ressource au service des équipes produits de Microsoft et non pas l'inverse. Il ne faut évidemment pas en déduire que la prise en charge de l'interopérabilité chez Microsoft ne repose que sur ces quelques dizaines de personnes.

Dans ce cadre, qu'elle est votre démarche ?
J.P. : Notre approche s'articule sur quatre axes. Le premier concerne les produits. Les produits ou services que nous développons doivent être interopérables. Par exemple, Internet Explorer 8 implémente en mode standard la visualisation des documents avec évidemment une option pour la compatibilité pour la prise en compte de l'existant. Par exemple, Office avec SP2 a implémenté le standard ODF.
Le second concerne la coopération avec d'autres fournisseurs. Le troisième concerne l'accès pour les développeurs non Microsoft l'ensemble des informations afin qu'ils puissent développer des produits interopérables avec ceux de Microsoft. Et cela va au-delà de la simple fourniture d'informations pour aller jusqu'à ce que l'on appelle des notes d'implémentation des standards dans nos propres produits pour expliquer en particulier les options des standards que l'on a retenus. Enfin, le dernier est lié à la participation aux organismes de normalisation (ISO, W3C, Oasis, ECMA...), au total plus de 150 organismes reconnus.
Mais l'interopérabilité nécessite aussi la collaboration avec les clients, la concurrence, nos partenaires, ce que l'on a tendance à oublier un peu.

Quel était l'intérêt de structurer cette démarche : pour qu'elle fonctionne mieux ? Qu'elle soit visible ?
J.P. : Nous faisions de l'interopérabilité mais de manière très inégale en fonction des domaines. On s'est rendu de ces disparités avec la montée en puissance de la connectivité.  La première chose que l'on a fait dans ce nouveau cadre de l'interopérabilité a été de structurer un dialogue client en créant le Customer Council on Interoperability (CCI) réunissant une trentaine de DSI de tous les pays du monde des secteurs public et privé et ayant tous des environnements informatiques hétérogènes. Ce groupe est placé sous la responsabilité de Bob Muglia. On se réunit deux jours tous les six mois. Les équipes produits participent également.
Ce sont là des questions assez techniques.

Les DSI sont-ils les bons interlocuteurs ?
J.P. : Le travail se fait en deux temps. Le vrai travail commence le troisième jour après les deux jours de réunion avec les DSI. Un des membres de mon équipe collabore pendant six mois avec les architectes techniques des DSI participants et font un travail préparatoire. Il se réunit avec les architectes pour préparer la réunion des DSI.

 Quels sont les grands sujets sur lesquels vous travailler dans le cadre de ce Council ?
J.P. : Ils sont au nombre de quatre :
- La productivité avec Office, SharePoint ;
- Les environnements de développement .Net, Java... ;
- La gestion des identités ;
- Enfin, la gestion des systèmes et la virtualisation.
Si vous avez suivi les annonces faites dans le domaine de la virtualisation, vous avez pu constater que beaucoup découlent de ces travaux avec des changements de stratégie importants. Ou encore pour savoir comment SharePoint pouvait se connecter avec d'autres portails, nous avons commencé à nous intéresser au standard WSRP (Web Service for Remote Portlets). Mais on s'est aussi rendu compte de ses limitations ce qui nous pousser à travailler au sein de l'OASIS à un nouveau standard CMIS (Content Management Interoperability Services).

Pouvez-vous rappeler les quatre grands principes qui sont implémentés dans les six grands produits dits de grande diffusion (Windows Vista incluant.NET, Windows Server 2008, SQL Server 2008, Office 2007, Exchange 2007, and Office SharePoint Server 2007 et les versions suivantes) ?
J.P. : Tous les protocoles doivent ou seront (en fonction des versions) documentés ;
Ils doivent garantir la portabilité des données ;
Les données appartiennent aux utilisateurs ce qui signifie qu'elles ne sont pas adhérentes aux outils qui les embarquent ;
Une implication beaucoup grande dans l'implémentation des standards ;
Et la collaboration.
Ces principes guident notre action dans l'interopérabilité. Ils s'imposent désormais aux équipes produits qui, lorsqu'ils ont des difficultés, font accès à l'expertise de mon équipe.

Dans ce cadre, quelle est votre position vis-à-vis de l'Open Source ?
J.P. : Il y a encore beaucoup de gens qui sont surpris de nous voir travailler avec le monde de l'Open Source. A titre personnel, je viens des mondes Unix et de la recherche. Cette collaboration est pour moi très naturelle. Il y a 6 ou 7 ans, il y a eu une certaine confusion dans les esprits. Linux est un produit avec lequel Microsoft est en concurrence. Mais cela est orthogonal avec les méthodes de développement de l'Open Source avec lequel nous devons travailler.

On est donc loin des déclarations faites par les dirigeants de l'entreprise il y a quelques années.
J.P. : Très très loin. Mais il y avait une confusion avec un produit et une communauté. On souhaite par exemple que l'Open Source développe massivement sur Windows. Prenons l'exemple de Silverlight. Microsoft a implémenté la version Windows et Mac. Novell a implémenté la version Linux baptisé Moonlight. Tout cela a parfaitement fonctionné lors de l'investiture de Barack Obama. Mais on ne s'est pas arrêté là pour prendre en compte les environnements de développement, par exemple comment les programmeurs allaient développer du Silverlight. L'équipe Visual Studio a fait un développement pour .Net tandis que mon équipe a travaillé avec la société française Soyatec pour faire un plug in de Silverlight en Open Source sur Eclipse pour les développeurs Java et Mac.
Autre exemple concernant les formats documents. Il y a un an, l'équipe Office créé le Document Interoperability Initiative pour travailler sur l'interopérabilité des formats de documents. On est allé partout dans le monde pour réfléchir à l'interopérabilité des documents avec des discussions techniques et sur les usages. On a réfléchi par exemple sur la visualisation des documents OpenXML dans les navigateurs. On a ensuite lancé le projet Open Source pour la visualisation des documents Office dans Firefox.
Troisième exemple sur les services Web. Pendant des années, Nous avons travaillé au sein d'Oasis et du W3C pour définir les standards des services Web (WS*, SOAP). Mais cela n'était pas suffisant car nos clients nous interpellaient pour savoir ce qui fonctionnait et ce qui ne fonctionnait pas. Dans ce domaine, on a travaillé avec la communauté Apache. Microsoft a créé un logiciel .Net qui implémente les services Web. Parallèlement, nous avons collaboré avec la société américaine Open Source WSO2 pour implémenter le même logiciel en Java selon les mêmes standards.
Les quatre composantes de l'interopérabilité vont toujours ensemble. Prenons le cas du produit de Cloud Computing Azure. A la Product Developer Conference, Ray Ozzie avait bien annoncé qu'Azure supporterait tous les protocoles standards (XML, http, Soap, Web Services...). Le jour de l'annonce, Microsoft a mis sur Internet une librairie .Net pour aider les développeurs à parler avec Azure (Azure .Net Services). Au même moment, une librairie Java et Ruby ont été dévoilés. Les développeurs peuvent donc choisir le langage qu'ils souhaitent utiliser.

Revenons au Council. Ces DSI ne représentent que les grands comptes. Est-ce que cela ne se fait pas au détriment des PME et du grand public qui utilisent aussi ces 6 produits de grande diffusion ?
J.P. : D'abord, je ne dirai pas que le secteur public appartient aux grands comptes.  Sa problématique concerne les usagers. Prenons l'exemple du Portugal. Il s'agissait de considérer l'interaction entre le citoyen et le gouvernement. Changer d'adresse à la suite d'un déménagement impliquait 5 démarches différentes dans 5 départements du gouvernement utilisant des produits hétérogènes. Le gouvernement portugais a développé une vision unifiée de l'identité du citoyen et Microsoft a travaillé avec Siemens et Accenture pour l'implémenter. Résultat : une seule carte à puce qui peut être utilisée comme carte d'identité permet de n'avoir à faire ce changement qu'une seule fois. Le système répercute les informations des les cinq agences gouvernementales. On est donc loin des problèmes de grands comptes.
Notre démarche avec le Council n'est qu'une dimension de notre démarche. Dans chaque filiale, on a aussi des spécialistes - Alfonso Castro en France par exemple (photo ci-contre) - qui travaillent avec tous nos clients, dont les PME,  sur ces questions.

Dans les évolutions stratégiques récentes de Microsoft, ne doit-on pas y voir l'influence de Ray Ozzie ?
J.P. : la réponse est oui, sans équivoque. En particulier, son influence sur les questions de l'interopérabilité a été très forte. Un des éléments sous-jacents fondamentaux qui ont largement favorisé l'interopérabilité a été la très large présence d'XML dans tous les produits. Depuis son arrivée, Ray Ozzie a été très clair sur sa vision stratégique en général et sur l'interopérabilité en particulier. Aujourd'hui, un utilisateur de l'iPhone reçoit un mail de manière transparente en provenance d'un serveur Exchange et peut ouvrir un document .docx. C'est normal, mais cela ne pourrait pas se faire sans interopérabilité. Et en période de crise, la possibilité qu'offre l'interopérabilité de mieux intégrer des systèmes informatiques existants et d'en tirer plus de valeur - comme l'exemple du Portugal - est plutôt bienvenue. Nos clients nous le disent et Microsoft a bien intégré ce message.

Comment voyez-vous l'évolution du monde Open Source et ses relations avec Microsoft ? Assiste-t-on à une sorte de normalisation ? Et quel est l'intérêt d'avoir deux modèles de développement de logiciels ?
J.P. : oui, il y a une normalisation entre les deux. Une chose est sûre, ces mondes ont beaucoup à apprendre l'un de l'autre. De nombreux responsables de Microsoft ont même affirmé que nous ferions de plus en plus d'Open Source. Ce n'est pas parce que certains souhaitent donner leur code source et d'autres non qu'ils ne peuvent pas travailler ensemble. Je suis même persuadé qu'une même entité peut faire à la fois du logiciel commercial et du logiciel open source. Il ne faut pas oublier qu'un logiciel commercial peut implémenter des protocoles et des formats ouverts et donc être interopérable alors qu'un logiciel open source peut très bien ne pas implémenter de standards ouverts. Ce sont deux dimensions totalement orthogonales.
Pour ce qui me concerne, je suis dans une démarche pratique. Implémenter un standard ne me suffit pas, je veux savoir comment cela a été fait, comment cela a été documenté.

Si on observe l'industrie du logiciel, on ne peut que constater une forte concentration et qui ne fait que s'accentuer. Les quatre grandes - Microsoft, IBM, Oracle et SAP - représentent peut-être 70% du secteur. Est-ce que ça a une incidence sur votre travail ?
J.P. : Je pense au contraire qu'il y a une explosion du nombre de développeurs que ce soit dans le monde open source ou commercial. Cela est lié en particulier au fait que les environnements de développements sont plus simples à utiliser. Cela créé un dynamisme extraordinaire et apporte sur le marché beaucoup plus de solutions et de choix. C'est là une source d'innovation fantastique.

Précisément, l'avènement du cloud computing ne va-t-il pas permettre aux développeurs de proposer toutes sortes de solutions sans avoir à se préoccuper de problèmes d'infrastructure et de montée en charge ?
J.P. : Absolument. Le cloud computing va être une nouvelle source d'innovation très importante. C'est une rupture fondamentale, un nouveau champ de l'informatique qui s'ouvre. Là encore, Ray Ozzie a eu chez Microsoft une influence importante.

Ne pensez-vous pas que le cloud computing se développe plus vite que ce que l'on aurait pu penser ?
J.P. : En fait, le cloud computing se situe dans monde de l'Internet où tout doit aller vite. Cela étant, il y a encore des problèmes complexes à résoudre. Mais le cloud computing va apporter de nouvelles questions auxquelles il faudra apporter des réponses : la gestion de l'identité, du stockage des données, d'accès aux données, du piratage, d'authentification... Ces problèmes existaient bien sûr, mais vont prendre une dimension nouvelle. C'est un nouveau chapitre de l'informatique qui s'ouvre. (Source IT Channel).