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Publié le : 15/01/2010 08:57:23
Mise à jour le : 13/01/2010 10:02:28
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Les défis que Microsoft devra relever en 2010 (1)


Par Hugo Lunardelli (ITR Manager)

Si 2008 fût pour l'essentiel une période de transition, 2009 aura vu Microsoft progresser significativement dans le renouvellement de son offre avec notamment les lancements de Windows 7, d'Azure et de Bing.  2010 sera l'année ou l'éditeur finira de dévoiler les composantes de son dispositif stratégique destiné à lutter contre les assauts combinés d'Apple et de Google.

En 2008 Microsoft se débattait pour convaincre ses clients de déployer Vista, échouait à racheter Yahoo et voyait enfin Bill Gates, son président et fondateur, quitter le devant de la scène.
En coulisses, l'éditeur se préparait activement à rattraper le loupé Vista, travaillait à sa stratégie « cloud computing » et continuait à investir dans son moteur de recherche ainsi que dans sa plateforme mobile. C'est en en fin d'année 2008, à l'occasion de la PDC, que Microsoft devait officiellement dévoiler Windows 7 ainsi qu'Azure, deux composantes essentielles de sa stratégie.

2009 aura été une année riche en évènements pour Microsoft qui aura réalisé les lancements de Windows 7 et de Windows Server 2008 R2, celui de Bing et d'Exchange 2010, ceux d'Internet Explorer 8 et de Silverlight 3.0, tout en concluant finalement un accord avec Yahoo dans le domaine de la recherche.

Sur un plan institutionnel, la firme de Redmond aura mis un terme à dix ans de procédures avec la commission européenne, elle aura connu la première baisse de CA de son histoire et procédé à ses premiers licenciements. Enfin l'année dernière aura vu l'annonce du projet Natal, le lancement officiel d'Azure, le décollage de Microsoft Online Services, sans oublier le lancement de Windows Mobile 6.5, en attendant mieux.

Malgré ces accomplissements, la position de Microsoft ne s'est pas trouvée confortée pour autant.
Si le lancement de Windows 7 aura indéniablement constitué un succès, il s'agissait essentiellement pour Microsoft de rattraper la débâcle provoquée par l'échec de Vista, sans volonté de remettre en cause le statu quo lui permettant de préserver sa position dominante sur le poste de travail.

Les résultats de Microsoft en 2009 auront vu les divisions client et business (en charge d'Office) accuser des baisses de CA, en partie du fait de la récession économique, mais également en raison de la concurrence accrue d'alternatives Web, en particulier de la part de Google avec son offre Google Apps.

Sur le terrain du smartphone, Microsoft continue à encaisser les coups en voyant l'iPhone renforcer ses positions et dépasser en 2009 la base installée de Windows Mobile. Google aura également occupé le terrain avec les débuts remarqués d'Android. RIM continue à se développer, les deux perdants de ce marché en 2009 étant Microsoft et Nokia. Face à cette déferlante de nouveautés, le seul accomplissement de Microsoft aura consisté dans le lancement de Windows Mobile 6.5, sujet à de nombreuses critiques, ainsi que celui de son site d'applications en ligne. Ce dernier pêche par son catalogue étriqué tout en soulignant le caractère suiveur de Microsoft dans ce domaine.

Dans la lutte qui l'oppose à Google sur le plan de la recherche, Microsoft aura certes marqué des points avec le lancement de Bing, plutôt bien perçu par les analystes, mais n'aura pas réellement réussi à écorner la position dominante de son rival. Les quelques points que Microsoft a gagné semblent s'être effectués au détriment de Yahoo ce qui relativise la portée de l'accord finalement conclu en 2009 avec celui-ci. Qui plus est, Bing n'est réellement disponible qu'aux Etats-Unis ainsi qu'en Angleterre, le lancement international  s'effectuant par étape avec par exemple une disponibilité prévue cet été pour la version française.

Si Microsoft aura réalisé en 2009 des progrès significatifs dans l'exécution de sa stratégie « Cloud », en comptabilisant 1,5 millions d'utilisateurs de Microsoft Online Services, Google aura également occupé le terrain en signant ses premiers contrats significatifs avec des firmes comme Genentech et plus significativement l'état de Californie qui a récemment basculé quelques 30 000 comptes sur Gmail et Google Applications.

Toujours dans le domaine Internet, Microsoft aura vu la part de marché d'Internet Explorer s'éroder de cinq points, malgré le lancement d'Internet Explorer 8 perçu comme sensiblement plus lent que ses concurrents Firefox et Chrome. Tout n'aura pas été négatif pour autant dans ce domaine avec le lancement réussi de Silverlight 3.0 et un taux d'installation qui se rapproche des 50 % à la fin 2009.

En ce début d'année 2010, Microsoft souffre d'un sérieux problème d'image. Le lancement réussi de Windows 7 ne suffit pas à compenser l'impression persistante d'une incapacité à innover à laquelle s'ajoute une lenteur à réagir qui contraste avec les progrès rapides réalisés par ses différents concurrents.

Google et Apple, désormais les deux grands rivaux de Microsoft, sont à contrario perçus comme innovants et "disrupteurs". Google aura marqué l'actualité en 2009 avec Android, les progrès de Chrome, la montée en puissance de Gmail et l'annonce de Chrome OS. Apple se sera signalé par le succès confirmé de l'iPhone, une hausse importante de son CA dans un contexte de récession et bien sûr le retour de Steve Jobs.

En 2010, Microsoft aura pour premier objectif de finaliser le renouvellement de son offre. Dans ce domaine, le planning de l'éditeur sera chargé avec en particulier le lancement d'Office 2010 (comprenant celui de la première version Web d'Office), celui de SharePoint 2010, les lancements de Visual Studio 2010, de SQL Server 2008 R2, de Silverlight 4.0, de Natal, du très attendu Windows Mobile 7, de la première beta d'Internet Explorer 9 et enfin celui de la « Wave 4 » de Windows Live.

Le renforcement des positions de Microsoft en entreprise : 2010, selon toute vraisemblance devrait être l'année Windows 7. Avec un parc de PC vieillissant, à 70 % sous Windows XP, la plupart des entreprises vont se trouver dans la nécessité de renouveler à plus ou moins brève échéance leurs postes de travail. Microsoft et ses partenaires se préparent activement à préparer cette migration qui peut globalement relancer le secteur IT dans son ensemble et supporter les résultats de Microsoft en particulier.

Le déploiement de Windows 7 sera sans doute pour beaucoup d'entreprises l'occasion de mettre à jour leur infrastructure réseau, avec Windows Server 2008, ainsi que l'outillage du poste de travail en déployant Office 2007 ou la version 2010 qui devrait arriver dans la première moitié de cette année.
Si l'on ajoute le lancement de SharePoint 2010, le début de cette nouvelle décennie devrait remplir les carnets de commande des partenaires Microsoft pour les deux à trois ans à venir.

Les débuts d'Azure : Fin 2009, Microsoft annonçait la fusion de la division serveur avec l'entité en charge d'Azure pour former une nouvelle unité appelée « Servers and Cloud Division ». Il s'agit d'une décision logique étant donné les liens étroits qui pré existaient entre ces deux unités (la plupart des composantes d'Azure (Windows Server, Hyper-V, SQL Server, ...) émanant de la division serveur) et sachant qu'un des points forts de l'offre « cloud » de Microsoft consiste dans l'intégration étroite de son infrastructure  avec les services destinés à s'exécuter dans Azure.

2010 verra les véritables débuts d'Azure qui devrait permettre à Microsoft de se positionner sur un marché  encore balbutiant. Microsoft proposera des services d'hébergement d'applications comparables à ceux qu'offre Amazon aujourd'hui, tout en poussant au développement d'applications spécifiquement écrites pour tirer parti des potentialités de sa plateforme cloud.

La force de Microsoft réside dans son middleware (AppFabric, MIFS) permettant de mettre en place une réelle intégration entre ressources de traitement locales et applications externalisées. Cette approche hybride, combinée au fait que les entreprises utilisant Azure sont déjà familiers avec ses composantes, devrait permettre à Microsoft de se positionner favorablement sur ces marchés d'avenir.

Microsoft Online Services et la concurrence de Google : Annoncée en 2008, la plateforme Microsoft Online Services est réellement devenue opérationnelle au cours de 2009. Elle termine l'année avec environ 1,5 millions d'utilisateurs payants après avoir signé notamment GlaxoSmithKline et Coca-Cola, tous deux comptants près de 100 000 utilisateurs de ces services ainsi que Rexel, Bouygues, ou encore le Crédit Immobilier en France.

La proposition de valeur de Microsoft Online Services consiste dans une externalisation des services de messagerie, de collaboration et dans une moindre mesure de communication unifiée. Facturée sous la forme d'un coût d'usage mensuel par utilisateur, cette offre suscite un intérêt certain auprès de nombreuses entreprises qui évitent ainsi d'avoir à investir dans une infrastructure dédiées, tout en bénéficiant de mises à jour régulières propres au mode SaaS. Selon Microsoft, jusqu'à 50 % des déploiements d'Exchange 2010 pourraient s'effectuer via Microsoft Online Services ainsi qu'à travers les offres similaires proposées par les partenaires de Microsoft.

Si Microsoft s'est effectivement préparé de longue date à offrir ces services, il n'en rencontre pas moins une concurrence importante de la part de Google. Comme déjà évoqué plus haut, ce dernier a remporté ses premiers succès significatifs en 2009 auprès de firmes telles que Genentech ou encore de la municipalité de Los Angeles qui a choisi Gmail pour ses 30 000 employés.

C'est d'ailleurs ce dernier contrat qui a amené Microsoft a annoncer précipitamment début Novembre une baisse d'un tiers du coût de ses services, de façon à réduire l'écart de prix par rapport à Google dont le prix public est de 50 $/utilisateur/mois. L'offre BPOS de Microsoft qui intègre messagerie, collaboration et communication est ainsi passée à un peu moins de 9 €/mois.

Succès en entreprise, défaite dans le grand public ? En 2010, Microsoft devrait continuer à bénéficier financièrement de sa position dominante en entreprise, à l'origine de l'essentiel de ses profits.
La situation est beaucoup plus délicate concernant le grand public où l'éditeur a perdu beaucoup de crédibilité avec Vista, s'est laissé complètement surprendre par le succès de l'iPhone et a enfin laissé le terrain Internet à Google.

Les succès de l'iPod, puis de l'iPhone auront beaucoup fait pour valoriser l'image d'Apple auprès du grand public, avec pour conséquence une augmentation importante des ventes de MacBook et d'iMac malgré un différentiel de prix toujours aussi important avec les PC.
Apple bénéficie désormais d'une image de marque flatteuse là où Microsoft apparaît comme dépassé, tout juste capable de reprendre à son compte les innovations de son concurrent.

Le constat est similaire sur Internet. A observer les publicités des opérateurs téléphoniques ou encore celles des fabricants de terminaux (LG, Samsung, ...) on est frappés par le faible nombre de référence aux services de Microsoft (Messenger principalement) et par la prolifération des offres vantant les mérites de Gmail, Google Maps, YouTube, Facebook...

En dehors des Etats-Unis, Bing n'existe pas, Google est omniprésent sur les écrans des PC mais également des mobiles.
La conséquence de cette perte d'influence de Microsoft se lit dans les progrès de l'usage de Firefox, de Chrome, par la popularité croissante de Gmail au détriment de Hotmail, par l'effondrement de Windows Mobile au profit de l'iPhone, mais également d'Android.

Apple et Google en embuscade : Apple compte profiter de sa dynamique pour enfoncer le clou et pousser encore un peu plus loin l'avantage dans le domaine de la téléphonie tout en ouvrant un autre front avec l'annonce à la fin du mois d'une tablette dont les caractéristiques et le prix sont encore inconnus à ce jour.
Apple poursuit une stratégie de développement basée sur une intégration verticale lui permettant de contrôler un nombre croissant d'éléments et notamment le maillon de la distribution avec ses « stores » tant physiques que virtuels, comme par exemple le magasin ouvert par Apple à la galerie du Louvre fin 2009.

Le risque majeur pour Microsoft est de voir Apple développer un avantage tel qu'il ne puisse plus rattraper son retard sur l'iPhone, à l'instar de la tentative avortée de concurrencer l'iPod avec son lecteur Zune qui n'est d'ailleurs commercialisé qu'aux Etats-Unis. Apple risque également de grignoter  un peu plus les ventes de PC avec Mac OS mais l'impact business et long terme sera beaucoup plus faible que dans le cas de l'iPhone.

Si Apple représente un danger certain pour la réputation et les business émergents de Microsoft, Google de son côté constitue une menace réellement sérieuse quant au cœur de business de l'éditeur.

La stratégie de Google est celle d'une offre de services 100 % basés sur le cloud, excluant tout applicatif « natif », à l'exception bien sûr de son navigateur Chrome qui fait d'ailleurs l'objet d'une promotion active en ce moment. L'ensemble des services de Google sont hébergés et ce dernier ne jure que par HTML 5, même si Android constitue une exception sans doute temporaire.

Après avoir capté l'attention du grand public avec une palette de services comprenant outre le moteur de recherche généraliste, Gmail, Google Docs, YouTube, Picasa, ... Google se tourne désormais vers le marché de l'entreprise.
Google mène en ce moment une campagne publicitaire aux USA pour convaincre les entreprises de sauter le pas. Appelée « Gone Google » elle n'est pas sans rappeler la campagne « I'm a Mac ... » d'Apple.

L'offre de Google destinée aux entreprises se dénomme Google Apps. Il s'agit d'une suite d'outils en mode SaaS qui visent à déplacer le terrain de la confrontation avec Microsoft.

En cherchant à persuader les clients de Microsoft des avantages bien réels que présente une offre de services hébergés, Google espère convaincre les entreprises de basculer progressivement leurs outils bureautiques vers son offre.
Conscient du gap fonctionnel de son offre en comparaison de celle de Microsoft, Google a pour stratégie de banaliser le « stack » de son concurrent.

Celui-ci qui repose sur Windows Server, SQL Server, SharePoint, Exchange pour l'infrastructure et sur Office au niveau du poste de travail, est certes beaucoup plus riche fonctionnellement que l'offre de Google mais présente le désavantage de nécessiter une installation « traditionnelle » au sein du datacenter de l'entreprise. Cette installation implique des investissements en matériel et en licences ainsi que du personnel pour l'installation, la configuration, l'exploitation et le support de ces outils.

La promesse de Google, similaire en cela à tous les acteurs du monde SaaS, consiste à éliminer l'ensemble de ces investissements en proposant à l'entreprise un ensemble de services mutualisés, dont le coût est intégré dans un budget de fonctionnement (Opex) plutôt que dans des dépenses d'investissement (Capex).

Le calcul de Google repose sur le fait, qu'une fois hébergés, les services des différents fournisseurs se « banalisent » ce qui a pour conséquence de donner de plus en plus d'importance à la dimension coût, au détriment des fonctionnalités qui tendent à passer au second plan.

Concernant le gap fonctionnel de Google Apps vs Microsoft Office, Google annonçait récemment son intention d'investir pour faire monter en puissance sa suite bureautique et en faire ainsi une réelle alternative à Office. Google n'a d'ailleurs pas besoin de faire de Google Apps l'équivalent fonctionnel d'Office 2010 pour concurrencer sérieusement Microsoft.

Une version enrichie de Google Apps intégrant Gmail et couplée avec des services de collaboration renforcés pour un prix inchangé de 50 $ / utilisateur / an pourrait constituer la première menace sérieuse que Microsoft devra sans doute affronter dans quelque temps.

L'objectif de Google est sans doute de générer des revenus additionnels avec Google Apps. La firme de Mountain View se targue de compter deux millions d'entreprises utilisant ses services, sans vouloir dévoiler la proportion ayant souscrit à la version payante. Google affirme que cette activité est profitable, ce qui est sans doute le cas, mais il est tout aussi vraisemblable que les profits générés soient marginaux au regard du business principal de Google qui reste la commercialisation  de publicités en ligne. Mais ce qui importe davantage à Google est certainement d'affaiblir Microsoft en asséchant une de ses deux principales sources de revenus, rendant ainsi plus difficile à l'éditeur la poursuite de ses investissements visant à le concurrencer.

Microsoft ne fait évidemment rien d'autre en investissant dans Bing et en collaborant avec Yahoo.