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Publié le : 24/09/2010 08:30:36
Mise à jour le : 17/09/2010 15:03:19
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IE9 : retour à l'âge de pierre


Microsoft dévoile la première bêta publique d’Internet Explorer 9. Pour les utilisateurs, c’est un saut quantique dans le futur. Pour les développeurs, ce sera compliqué à mettre en œuvre.

A moins que vous ne reveniez de vacances sur une île déserte, vous ne pouvez pas avoir raté l'événement : Microsoft sort une bêta d'Internet Explorer 9. Dit comme ça, ce n'est pas très glamour. Mais pour l'occasion, Microsoft a fait les choses en grand.

Une centaine de journalistes du monde entier ont été invités à San Francisco pour un lancement en grande pompe. Comme le font remarquer mes confrères présents à l'événement, de mémoire de journalistes IT, on n'avait jamais vu un tel ramdam pour la sortie d'une bêta d'un produit gratuit. L'enjeu était donc énorme pour Microsoft, il devait nous éblouir.

Globalement, nous n'avons pas été déçus. Cette bêta pulse. Voilà un navigateur moderne, esthétique, qui rattrape ses concurrents voire qui les dépasse dans bien des domaines. Les grandes nouveautés de cette version sont décrites sur 01net ici et là : support amélioré d'HTML5, rapidité du rendu grâce à l'accélération matérielle, onglets épinglables dans la barre de tâches, interface épurée...

Les démos présentées lors du keynote sont impressionnantes (c'est leur but). Microsoft a travaillé sur trois aspects : le support des standards, la performance et le design.

Un support nettement amélioré des standards : Après avoir pendant des années foulé aux pieds les standards du web, Microsoft a finalement changé de stratégie pour maintenant les embrasser à bras le corps. L'éditeur siège au W3C et participe activement au groupe de travail HTML5 notamment sur la partie tests des standards. IE9 supporte une bonne partie des spécifications CSS3, WOFF, DOM L2 et L3, ECMAScript 5, HTML5, SVG 1.1, ICC... Il passe maintenant le test ACID avec un score très honorable de 95/100, contre 55/100 pour les versions précédentes, sans toutefois atteindre celui de Chrome avec 100/100.

Le site Internet Explorer Testing Center compare le niveau de support des standards entre les principaux navigateurs et entre les différentes versions d'IE. On se référera également au site When Can I Use qui donne des résultats plus complets et du coup moins flatteurs pour IE9, sachant que dans les deux cas, ils n'ont pas encore été mis à jour pour la nouvelle bêta. On note par exemple qu'IE9, au niveau du CSS3, ne supporte toujours pas les transformations 3D, les transitions, les dégradés, les boîtes flexibles...

Microsoft dévoile son Chakra : L'aspect le plus visible est sans conteste la rapidité d'affichage de cette nouvelle version. Microsoft annonce qu'elle fait appel à une accélération matérielle totale pour HTML5, ce qui signifie que le moteur de rendu utilise la puissance des cartes graphiques accélérées (GPU) à travers les API DirectX. L'éditeur explique ici et là (en français ici et là) que cette accélération prend en compte toutes les étapes du rendu, depuis les balises jusqu'à l'affichage sur l'écran.
Chakra, le nouveau moteur Javascript, est intégré directement dans le code du navigateur (il ne passe plus par différentes couches) et peut tourner dans son propre cœur sur des architectures multi cœurs. Quand on sait que la vitesse du Javascript est le nerf de la guerre des navigateurs modernes, c'est un atout déterminant.
Résultats : sur un PC moderne sous Windows 7, l'affichage est impressionnant de fluidité, même en manipulant des milliers de sprites ou de vidéos. 
Seul bémol, et de poids, cette accélération n'est disponible que sous Windows 7 et Windows Vista SP2, et avec une carte graphique convenable. Exit Windows XP, donc. Actuellement, je teste et je tape mon article sur mon netbook sous Windows 7 mais avec une carte de base, je ne retrouve pas la fluidité de Chrome.

L’interface se refait une beauté : C'était en définitive le thème principal de l'événement, avec un site dédié au lancement : Beauty of the Web. IE9 ne cherche pas à mettre en valeur sa propre interface (ouf, on a échappé au ruban d'Office) mais plutôt les sites web eux-mêmes. Son design épuré rappelle furieusement celui de Chrome. C'est déroutant, mais on s'y fait très vite. Et c'est vrai qu'elle laisse plus de place au contenu de la page web. Sur un netbook c'est appréciable.
La possibilité d'épingler un onglet dans la barre de tâches de Windows 7 pour y accéder par la suite instantanément est une fonctionnalité intéressante. Elle donne à un site web un comportement d'application web sur le desktop, à la manière des applications Silverlight out of the browser.

Selon Stanislas Quastana, architecte infrastructure chez Microsoft, il était même prévu que ces applications web se débarrassent totalement du cadre d'IE, n'affichant alors que la fenêtre du site. Pour l'instant cette fonctionnalité n'est pas implémentée, mais elle ouvre de belles perspectives d'applications web.

La touche magique : Pour leur part, les développeurs apprécieront la nouvelle touche F12 qui donne accès directement aux outils développeurs : HTML, CSS, console, script... Par rapport aux outils d'IE8, on notera un nouvel onglet pour l'inspection du trafic réseau, le support de très gros fichiers Javascript (plus de 70 000 lignes de code), un outil pour changer de user agent...

IE9 exploite désormais l'API Web Timing du W3C, une spécification encore à l'état de draft, et qui permet de mesurer les performances d'un site web sans introduire trop d'overhead.

Prêt pour l’entreprise : Pour les entreprises téméraires qui voudraient migrer dès aujourd'hui, Internet Explorer reste le navigateur le mieux doté en outils de déploiement et d'administration : IEAK (Internet Explorer Administration Kit), installation Slipstream (à l'intérieur d'une image d'installation Windows), le support des stratégies de groupe, le Blocker Toolkit pour contrôler l'exécution des mises à jour automatiques, etc.

En termes de sécurité, le Smartscreen Filter est un dispositif qui filtre les téléchargements et les URL, en accord avec le centre de réputation Microsoft.

Un navigateur grand public : Lors du lancement de cette bêta, une quarantaine de partenaires venus du monde entier, dont cinq de France (FreeTouch, La Surprise, Groupe Reflect, Soleil Noir, Steaw Web Design, plus de détails sur le blog de Christophe Lauer) ont exposé leurs projets, rivalisant d'inventivité, de design et d'originalité. Ces proofs of concept qui ont pour seul but de mettre en valeur les capacités HTML5 d'IE9 sont toutes des applications destinées au grand public : sites d'actualités, de vidéos, de création graphique ou musicale, de jeux, de bandes dessinées... Aucune applications d'entreprise donc, et pour cause. Microsoft cherche avant tout à séduire le grand public, beaucoup plus réceptif aux nouveautés.

Retour vers le futur : Interrogés sur leurs moyens et leurs outils de développement, les agences web ont confirmé : tout le code se fait à la main, dans Notepad (au mieux Notepad++) et les images dans Photoshop.

Effectivement, il n'existe encore aucun logiciel auteur HTML5. Les éditeurs s'y mettent doucement. Adobe a sorti des extensions HTML5 pour Dreamweaver CS5 et Illustrator CS5. Pour sa part, l'équipe d'Expression Web, de Microsoft, a annoncé que son outil Superview Online prenait en compte IE9 bêta. Des mises à jour de la gamme Expression et de Visual Studio pour produire de l'HTML5 sont dans les cartons, mais aucune date n'est avancée. Avec un peu de chance pourrait-on les voir arriver pour le MIX en mars 2011.

Dans cette euphorie qui entoure HTML5, dans ce foisonnement de modernité et de haute technologie web, on se retrouve finalement avec les outils d'il y a quinze-vingt ans, c'est-à-dire quasiment rien. Nous voici donc retournés à l'âge de pierre.

Quatre versions d’IE à maintenir : Pour l'heure, la plupart de ces développements HTML5 sont des projets expérimentaux. Et pour ceux qui sont déployés en production, la problématique est de maintenir les versions du site pour les anciens navigateurs : IE6, IE7, IE8 et maintenant IE9... Cela représente beaucoup d'investissement.
Dans une étude menée par Forrester auprès des développeurs web, cet été, il apparaît que l'intérêt voire l'excitation pour HTML5 est très fort. C'est surtout le respect des standards des navigateurs qui les préoccupe. Pour Forrester, HTML5 ne devrait pas se généraliser avant deux ou trois ans. Pour l'heure, il convient de continuer à développer avec des technologies RIA matures, tout en continuant à se former et à suivre de près l'évolution du standard HTML5.

Pourquoi faire autant de bruit ? Après des années d'errance et de déclin, Internet Explorer revient pour reconquérir sa place, avec de beaux atouts en main, une version qui n'a plus à rougir face à la concurrence.

Mais la partie n'est pas gagnée, surtout en entreprise. Windows XP représente encore près de la moitié des PC installés et les projets de migration vers Windows 7 sont plus ou moins gelés. L'adoption d'IE9 va d'abord dépendre des migrations Windows 7, et ensuite de la volonté de migrer d’IE8 vers IE9.

Pourquoi alors faire autant de bruit autour de cette bêta d'IE9 ? Parce que ce beau navigateur est à mon sens un excellent levier pour accélérer l'adoption de Windows 7. C'est une tactique maintes fois utilisée par Microsoft : un produit d'appel qui nécessite un autre produit qui lui-même nécessite un autre produit, etc. Prenez par exemple la chaîne Office > Exchange > Windows Server > SQL Server... Pour IE9 > Windows 7, la demande viendra du grand public, qui sera alors largement équipé et voudra retrouver au bureau le confort de la maison.

Pour autant, Microsoft se bat pour conserver ses utilisateurs sur le PC, sous Windows qui reste encore la plate-forme majoritaire pour accéder à internet. Mais pour combien de temps ? Les analystes prévoient ici et là que d'ici quelques années (trois à cinq ans), l'accès au web par mobile dépassera celui par PC. Microsoft ne mènerait-il pas un combat d'arrière-garde ? (Source : 01 net)