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Publié le : 31/03/2011 07:52:32
Mise à jour le : 22/03/2011 20:01:36
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Windows Phone 7… un bilan mitigé (Par Pierre Bugnon, Directeur Associé de Calipia)


Il est certes un peu tôt pour parler de bilan alors que le nouveau système d’exploitation de Microsoft pour les « smartphones » a été finalisé le 1er septembre 2010 et que les téléphones équipés de Windows Phone 7 ne sont proposés par les constructeurs (LG, HTC, Samsung, etc.) que depuis le 21 octobre 2010 sur le marché européen.

On peut néanmoins d’ores et déjà faire deux constants importants concernant l’avenir de Microsoft en tant qu’acteur du marché de la téléphonie. Le premier est plutôt positif puisqu’avec Windows Phone 7, Microsoft a effectivement changé son image, qui avait été pour le moins écornée avec les dernières versions de Windows Mobile (la version 6.5 restera probablement dans les annales des accidents industriels).

Mais le deuxième constat est que les qualités stratégiques qui freinent la pénétration de Windows Phone 7 dans un marché dominé, en termes de progression de parts de marché, par Apple avec iOS et surtout Google avec Android, deux acteurs aux stratégies diamétralement opposées mais qui ont, à la différence de Microsoft, fait bouger les lignes et opté pour des modèles radicaux qui semblent payants.

Microsoft va donc avoir à faire des choix importants, si cette société veut vraiment redevenir un acteur majeur d’un marché de la téléphonie qui, paradoxalement, évolue massivement vers le « smartphone », terminal intelligent dont Microsoft, avec Windows Mobile, et RIM (Research  in Motion) avec son BlackBerry furent les pionniers… mais pour les entreprises.

L’adoption par le grand public du « smartphone », si elle n’est pas prise en compte par Microsoft (et dans une moindre mesure RIM) pourrait donc devenir problématique face à Apple et Google.

Mais détaillons un peu le propos, qui nous permettra de plus de remettre en perspective les accords Microsoft-Nokia

Le point sur Windows Phone 7 : Tout d’abord, que les choses soient claires, Windows Phone 7 est un bon système d’exploitation. C’est probablement le principal point positif pour Microsoft. Après avoir complètement raté le virages des écrans tactiles impulsé par Apple et son iPhone, Microsoft a, fin 2008, décidé de repartir sur des bases totalement nouvelles pour le successeur de Windows Mobile 6, tout en occupant le terrain avec une version 6.5 qui fait encore sourire dans les chaumières.

Ce choix risqué, mais nécessaire compte tenu des circonstances (succès de l’iPhone et arrivée de Google Android), s’est avéré plutôt heureux, puisqu’il permit à Microsoft de partiellement reprendre le contrôle des aspects matériels et logiciels (en imposant aux constructeurs un cahier des charges strict et aux développeurs des impératifs de performances), mais aussi de tirer des enseignements de l’expérience d’Apple qui a basé son succès sur les applications (et l’AppStore que Microsoft copie avec MarketPlace), tout en se différenciant par une interface originale et somme toute assez agréable.

Le constat est donc que Microsoft a réussi son premier pari avec Windows Phone 7 qui est globalement considéré comme une réelle avancée, avec des retours très positifs et un intérêt croissant des développeurs. Sur ce dernier point, il est intéressant de rappeler que si le nombre d’applications développées pour Windows Phone 7 reste assez modeste  (9 000 applications disponibles en mars 2011 sur MarketPlace versus environ 300 000 pour l’AppStore), la croissance est régulière et que cette plate-forme n’a après tout que quelques mois d’existence.

Le timing risque d’être fatal : Si Microsoft a réagi assez vite à la concurrence de l’iPhone, les résultats concrets (Windows Phone 7, MarketPlace) sont arrivés tardivement. Et cette fenêtre de deux ans durant laquelle les constructeurs n’ont pas eu d’alternative crédible pour le grand public aux « smartphones » iPhone a largement contribué au succès de Google Android qui est passé du statut de petite expérience technologique Open Source à celui de très possible futur leader du marché de la téléphonie mobile.

Cette véritable explosion des « smartphones » équipés d’Android est naturellement problématique pour Apple et Nokia, mais ces deux sociétés bénéficient de parts de marché importants qui leur permettent d’avoir la masse critique suffisante afin de rester attractives aux yeux des développeurs et des opérateurs, condition sine qua none pour survivre dans ce marché. Ce qui n’est absolument pas le cas de Microsoft qui, malgré sa longue présence sur le marché des « smartphones » avec Windows CE puis Windows Mobile, peut être considéré avec Windows Phone 7 comme un nouvel arrivant, tant la rupture technique est évidente.

Microsoft passe donc d’un concurrent sérieux (Apple et son iPhone) à des dizaines (tous les constructeurs proposant des clones de l’iPhone sous Android), ces derniers étant par ailleurs des partenaires potentiels, puisqu’ils disposent aussi de modèles équipés de Windows Phone 7, modèles qui ne sont bien entendu pas mis en avant auprès des clients par des opérateurs téléphoniques dont le « suivisme » et la cécité stratégique sont pour certains devenus légendaires.

Et ne parlons même pas de RIM qui reste très présent dans les entreprises avec son BlackBerry et qui, conscient de l’importance du marché grand public, fait évoluer sa gamme de façon sensible et lance de  grandes opérations de communications publicitaires.

Compte tenu de ces circonstances, il est légitime de se poser la question de la capacité de Microsoft de regagner des parts dans un marché assez mouvant et complexe.

Pour l’instant, le constat est plutôt sombre pour Microsoft si l’on en croit les chiffres du cabinet Canalys (cf. le blog Calipia : http://blog.calipia.com). L’arrivée de Windows Phone 7 sur le marché n’a pas changé sensiblement la tendance et Microsoft continue à perdre des parts de marché. Ainsi que Nokia et RIM, avec une relative stabilité d’Apple. Tout le monde subissant l’effet Google qui, avec plus de 600% de croissance sur une année glissante, bouleverse la donne.

Apple, Google, Microsoft, trois stratégies différentes, dont deux payantes…Outre le matériel, un « smartphone » se compose (dans les grandes lignes évidemment) :
- D’un système d’exploitation,
- De configurations spécifiques aux différents opérateurs téléphoniques,
- De pilotes de périphériques,
- D’applications.

Concernant ces différents composants, Apple, Google et Microsoft ont adopté des stratégies très différentes notamment en ce qui concerne l’aspect contrôle et mise à disposition de ressources.

Liberté chérie…Commençons par l’approche la plus ouverte » avec Google, qui propose avec Android une souche Open Source qui va être librement adaptée par les constructeurs et les opérateurs, ceux-ci se chargeant bien sûr de la mise à dispositions des correctifs et des nouvelles fonctionnalités.

Concernant les applications, elles sont  postées sans réel contrôle sur l’Android Market (plus de 100 000 applications), ce qui commence à poser des problèmes en terme de qualité (et d’utilité) des applications disponibles, sans compter la part très importantes d’« applications » qui ne sont en fait que des contenus pornographiques. Les constructeurs peuvent de plus proposer par d’autres biais des applications…

Cette différenciation entre matériel/service et logiciel entraîne une très forte segmentation de l’offre (avec de nombreuses interfaces graphiques par exemple) et de fait des services moins sophistiqués (notamment pour les mises à jour). Elle n’est pourtant pas un réel frein à l’adoption d’Android, qui vise l’entrée de gamme du marché des  « smartphones » (quasiment tous les « smartphones » à moins de 450 euros sont sous Android), avec donc un niveau d’exigence des utilisateurs qui semble moindre.

Contrôle total…A l’autre bout du spectre, on trouve sans surprise Apple, qui impose complètement ses choix et son calendrier aux opérateurs pour les évolutions de son iPhone et du système d’exploitation. Charge à eux de mettre les ressources nécessaires afin d’être prêts en temps et en heure, sous peine de se faire pointer du doigt…

Cette très relative « empathie » est bien entendu appliquée aussi aux développeurs d’applications iPhone, qui doivent :
- Passer par l’AppStore (et payer Apple) pour publier son application pour l’iPhone,
- Et s’assurer que leurs applications continuent à fonctionner après une mise à jour du système… Sinon, tant  pis pour eux.

Quant au matériel (et aux pilotes de périphériques), il est évidemment sous le contrôle d’Apple, situation que d’aucuns pourraient qualifier de monopolistique mais qui limite grandement les problèmes d’évolution et mises à jour tout en garantissant des marges confortables…

Cette relative brutalité d’Apple vis-à-vis des opérateurs et développeurs semble, avec un peu de recul, avoir été un choix stratégique payant…

Mi chèvre-mi chou, le choix de Microsoft : Microsoft, avec Windows Phone 7, a pris l’intelligente décision de s’aligner sur ses concurrents Apple et Google en optant pour une stratégie régulière de son système d’exploitation, via un PC ou un lecteur Zune. Pour ce faire, Microsoft a travaillé sur l'implémentation d'une sorte de Windows Update au sein de Windows Phone 7.

Avec cette fonctionnalité, c'est l'éditeur qui s'occupe de l'envoi des mises à jour qui peuvent être une image complète du système ou prendre la forme d'un « patch » pour les correctifs ou améliorations ne touchant que quelques composants du système.

Microsoft centralisant les mises à jour du système d’exploitation, des pilotes de périphériques et des configurations des opérateurs, on pourrait penser que cette démarche est assez proche de l’approche très contraignante d’Apple (ce qui aurait été une bonne chose).

Mais il n’en est rien !!! Incapable de se départir de son fonctionnement historique de partenariat, Microsoft a opté pour une méthode dite « pédagogique » qui offre aux opérateurs et constructeurs un délai de 3 à 4 semaines avant la diffusion effective de chaque mise à jour (afin de tester et valider la compatibilité avec leurs réseaux et matériels), mais aussi un droit de véto qui oblige Microsoft a opérer les changements demandés et recommencer le cycle de tests de 3 à 4 semaines.

Dans la mesure où cette implication des opérateurs et constructeurs ne s’accompagne pas de la mise à disposition en avance de phase (au niveau de la Release Candidate par exemple) du code modifié, on se retrouve dans une situation assez bancale où des partenaires de Microsoft peuvent retarder considérablement l’évolution de Windows Phone 7 en exerçant leur droit de veto au lieu de mettre les ressources nécessaires pour résoudre d’éventuels problèmes.

En gros, c’est le pire des deux mondes…

Et le résultat concret de ce mode de fonctionnement ubuesque est assez bien illustré par la première mise à jour de Windows Phone 7, qui devait être publiée en janvier et qui, du fait de l’opposition d’un opérateur européen, fut retardée de 2 mois (ce qui est énorme pour un marché des « smartphones » qui est assez dynamique). Sept mois après la finalisation le 1er septembre de Windows Phone 7, la première mise à jour n’est donc toujours pas disponible, alors que le développement de la deuxième est finalisé !!! Brillant non ?

Microsoft devra donc probablement revoir un processus hybride et oser assumer ses ambitions de révolutionner le marché des « smartphones » en adoptant des choix plus contraignants peut-être, mais qui ont montré leur efficacité avec l’iPhone.

Quelques pistes de réflexions pour Microsoft : En guise de conclusion, voici deux éléments dont Microsoft dispose et dont il devrait pleinement et rapidement jouer afin de permettre à Windows Phone 7 de jouer un vrai rôle sur le marché des « smartphones ».

Tout d’abord, et nous l’avons évoqué, revoir son processus de mise à jour, afin de pas renouveler l’expérience vécue et de pouvoir rapidement mettre à disposition des fonctionnalités importantes et attendues telles que le copier/coller, le multitâches, plus de personnalisation de l’interface (des hubs « applicatifs »), l’intégration d’une version mobile d’Internet Explorer 9 pour le support d’HTML 5, etc.

Mais aussi atteindre rapidement la masse critique concernant le nombre de terminaux et les applications disponibles afin de rendre attractive sa plate-forme. Pour les applications, les évolutions prévues de MarketPlace et une stratégie assez équilibrée (tests de performances, SDK gratuit, filtrage limité aux applications « offensantes », etc.) devraient séduire les développeurs.

D’autant que le nombre de terminaux sous Windows Phone 7 devrait exploser suite aux accords passés avec Nokia (30% de parts de marché) qui ne proposera dans le courant de l’année que Windows Phone 7 sur des téléphones (en remplacement de Symbian).

Donc si les débuts de Windows Phone 7 ne furent pas spectaculaires, les bases sont bonnes et Microsoft pourrait redevenir un acteur important du marché des « smartphones »  pour peu qu’il comprenne que la cible prioritaire est maintenant le grand public et non plus l’entreprise. (Source InfoDSI)