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Publié le : 24/10/2011 15:17:13
Mise à jour le : 20/10/2011 17:35:29
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Windows 8 : Une synthèse et quelques points de vue (1/3)


Par Pierre Bugnon, Directeur Associé de Calipia

Chaque nouvelle version de Windows apporte pour Microsoft de nouveaux défis, qui sont plus ou moins bien relevés. Faisons un rapide retour sur les 10 dernières années :

- Windows XP en 2001 avait pour objectif d’unifier les offres grand public (Windows 9x) et professionnelles (Windows NT / 2000) avec un noyau commun 32 bits et de faire oublier la redoutable parenthèse Windows Millénium Edition. Ce fût un succès. A un point qui embarrasse encore Microsoft.

- Windows Vista fût un accident industriel avec un cycle de développement extrêmement long (il est sorti en 2007) et de nombreuses réorientations fonctionnelles et stratégiques (notamment en ce qui concerne l’orientation objet de la gestion de fichiers). Si de bonnes bases furent introduites concernant la sécurité, le 64 bits, le déploiement ou l’interface utilisateur, ce système d’exploitation n’a pas rempli son objectif de remplacement de Windows XP… en tous cas sur le marché des entreprises.

- Avec Windows 7, sorti en 2009 Microsoft tente de faire oublier Vista en se recentrant sur les bases avec très peu de ruptures fonctionnelles et de nombreuses optimisations. Le pari est gagnant puisqu’enfin les entreprises migrent enfin leur parc informatique. C’est aussi avec Windows 7 que Microsoft décide de donner plus de lisibilité à sa feuille de route de lancement des nouvelles versions, décidant pour ses principaux produits (clients et serveurs) de respecter une politique simple : une version majeure tous les 3 ans. Cette politique étant en phase avec les termes des contrats de licences volume proposés aux entreprises et particulièrement avec la Software Assurance.

Avec Windows 8 Microsoft se trouve donc contraint de respecter un calendrier très exigeant et donc de limiter les choix d’évolutions qui pourraient entrainer des ruptures majeures, tout en proposant un système d’exploitation répondant à deux défis :

- L’un étant stratégiquement fort et commercialement limité sur le court terme : la prise en compte au niveau du PC de différentes formes de virtualisation.

- L’autre étant plus tactique mais commercialement important sur le court et moyen terme : fournir une alternative crédible à Apple IOS et Google Android sur le marché des tablettes (ou ardoises) dont la popularité croissante auprès du grand public pourrait s’étendre au niveau des entreprises.

Dans la mesure où cet engouement est largement le fait d’un catalogue applicatif énorme déjà disponible pour les téléphones intelligents (Smartphones) qui connaissent un succès indéniables, Windows 8 devra en plus de fournir l’interface Metro (présente avec Windows Phone 7) gérer aussi un double modèle applicatif afin de ne pas se couper de sa base installée. Sans parler du support des processeurs ARM avec les incompatibilités applicatives qui en découlent.

Bien entendu il est important pour Microsoft de prendre aussi en compte les utilisateurs de Windows 7 (voire XP) n’ayant pas de tablettes ou ne pensant pas forcément à la virtualisation en se rasant le matin, et il en reste quelques centaines de millions. D’où un certain nombre d’évolutions plus mineures mais parfois intéressantes.

Voyons donc ensemble ce que va apporter Windows 8, en nous basant sur les annonces effectuées lors de la conférence Build qui a eu lieu mi-septembre à Anaheim en Californie, conférence qui a mis en lumière l’implication sur ce projet de Steven Sinofski, vice-président de la division Windows (en charge aussi de Windows Live et d’Internet Explorer) et qui fut à la tête de la division Office entre 2000 et 2007.

Windows 8 et les tablettes : C’est donc le marché des tablettes que Microsoft cible particulièrement avec Windows 8, afin de proposer, comme ses concurrents Google et Apple une synergie entre le Smartphone et un poste de travail dont le facteur de forme évolue vers le format tablette (ou ardoise), notamment grâce à la baisse des prix des écrans « tactiles » et la popularisation du multitouches. Paradoxalement Microsoft est un des précurseurs de ce marché, avec depuis 2001 une édition « Tablet-PC » de ses différentes versions de Windows. Mais c’est par le Smartphone et le succès de l’iPhone (puis de l’iPad) d’Apple que ce facteur de forme est devenu réellement populaire. Les spécialistes appellent cela la consumérisation, les responsables chez Microsoft appellent cela une sacrée occasion ratée (enfin je l’espère pour eux…).

Il va donc falloir pour Microsoft suivre le mouvement et s’appuyer sur son offre de Smartphone Windows Phone 7, qui est encore anecdotique en termes de parts de marchés, afin d’imposer à des utilisateurs Windows une interface complètement nouvelle.

Le pari est convenons-en assez risqué. D’autant que cette interface Metro (qui s’avère être assez intuitive tout de même), sera l’interface par défaut installée sur les tablettes bien sûr, mais aussi sur les PC classiques même sans écrans multitouches. L’interface classique Windows étant accessible facilement, mais largement émasculée puisqu’un clic sur la fameuse icône démarrer renvoi pour l’instant sur l’interface Metro.
Assez déroutant tout cela …
(Astuce : pour revenir à une interface classique par défaut, il suffit de modifier la valeur du registre HKCU\Software\Microsoft\Windows\CurrentVersion\Explorer en changeant la valeur de RPEnabled de 1 à 0)

Ceci dit, il y a aussi des choses intéressantes concernant l’interface elle-même, avec une présentation par tuiles assez ergonomique et de nombreuses possibilités nouvelles offertes par cette orientation tablettes : Le PC étant considéré comme connecté à Internet, une intégration forte avec les services Windows Live (notamment pour le stockage via Skydrive) mais aussi Facebook ou Twitter permettent des scénarios d’usage intéressants, de même que l’exploitation des fonctions de localisation géographique ou de positionnement spatial du matériel.
Cette interface Metro apporte de plus des nouveautés ergonomiquement sympathiques, comme les « Charm », permettant d’accéder à des fonctions contextuelles pour les applications et le système, telles que la recherche sur plusieurs cibles ou la sauvegarde en ligne. Ces « charms » pouvant bien entendu être enrichis par les éditeurs d’applications. Mais on peut aussi citer l’écran d’accueil, l’exploitation de la Webcam ou les nouveaux modes d’authentifications (avec possibilité d’utiliser une approche gestuelle), le rafraichissement en temps réels de l’interface, etc.

Le but est donc bien de fournir tous les éléments qui permettront aux développeurs et constructeurs d’adopter Windows 8 comme plate-forme système pour des matériels de type tablettes, peut-être au détriment de l’utilisateur Windows « classique » dont le bureau de travail n’est plus qu’une application parmi d’autres.

On peut enfin noter que si Microsoft réussi à imposer via Windows 8 cette interface Metro auprès des développeurs et des utilisateurs, les conséquences sur le marché des Smartphones pourraient être importantes, avec un énorme appel d’air pour Windows Phone 7.

Deux points supplémentaires à considérer : Parlons tout d’abord des applications. Un OS sans applications est inutile. Et l’objectif de Microsoft est d’inciter les éditeurs à adopter l’interface Metro et donc l’utilisation d’HTML5/ JavaScript tout en conservant une approche plus classique avec les langages C, C++, C# et VB (plus un peu d’XAML pour le rendu). On a donc un modèle dual s’appuyant sur des APIs communes (WinRT - Windows Runtime) et les développeurs peuvent avec « Visual Studio 11 Express for Developer Preview » (qui deviendra Visual Studio 2012), d’ores et déjà commencer à travailler sur la création de nouvelles applications.

Ceci semble parfait sur le papier, mais deux questions me viennent à l’esprit (en fait un peu plus que deux) :

1. Si l’on considère que l’attractivité d’une plateforme pour les développeurs est liée bien sûr à sa popularité mais aussi à sa simplicité (qui fit la force de Windows avec une synergie poste de travail / serveurs), quid de cette complexité supplémentaire apportée par Metro ? Les éditeurs vont-ils y trouver leur compte ?

2. Quid des éditeurs d’applications Windows « classiques » ? Vont-ils redévelopper leurs applications en JavaScript / HTML (et se couper du marché des postes Windows XP / Vista / 7) ? Qu’en est-il des applications Microsoft par exemple … Un portage de Microsoft Office en natif sur Metro a-t-il été annoncé ? (il ne me semble pas).

Cette démarche consistant à essayer de concilier le poste de travail « professionnel » et le « gadget » (désolé pour le terme un peu rude), si elle est compréhensible et louable ne pourra donc être couronnée de succès qu’avec l’adhésion des développeurs. C’est tout le bien que je souhaite à Microsoft, mais le pari me semble risqué…

Le deuxième élément important tient à la mise à disposition des applications (Windows « classique » et HTML), via le Windows Store.
Tout d’abord même si Microsoft s’est engagé sur des processus de publication simplifiés et rapides, l’expérience Windows Phone 7 incite à la plus extrême prudence. Mais bon, supposons qu’un Acrobat Pro puisse être validé après toute une batterie de tests (performances, sécurité, etc.) pour une mise en ligne dans le Windows Store en moins de 12 heures car ce sont les engagements, quid du réseau de partenaires ?

Le modèle économique de Microsoft repose historiquement sur un maillage sans équivalent de partenaires qui pourraient voir d’un mauvais œil d’être court-circuités pour la vente des applications traditionnelles Windows… (Source Info DSI)