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Publié le : 15/11/2011 10:03:49
Mise à jour le : 11/11/2011 15:26:11
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Microsoft : points faibles…Par Stéphane Sabbague, Président et co-fondateur de Calipia


Avec le recul de vingt ans d’activité dans l’écosystème Microsoft (dont douze années passées chez l’éditeur),  je me permets aujourd’hui une petite analyse de ce que sont, selon moi, les 10 principaux points faibles de Microsoft. Sans complaisance.

1/ Microsoft a raté le tsunami de la mobilité

Microsoft avait toute les cartes en main pour anticiper la vague d’adoption des technologies mobiles, et pourtant… Il y a dix ans, Microsoft avait mis au point Windows Mobile (basé sur Windows CE). En 2002 il avait été précurseur avec la tablette PC, mais on connaît la suite : Des rivalités internes, en particulier entre l'équipe Windows et l'équipe de Microsoft Office ont eu pour résultat qu'aucune application phare ne fut réellement adaptée pour ces matériels. Au final, le manque d’applications spécifiques à eu raison de ces machines, plus chères qu’un simple portable, pour une valeur ajoutée non démontrée…

Microsoft aura beaucoup de mal à rattraper Apple et Google au rythme actuel des ventes de téléphones et de tablettes. Un marché en forte croissance de plus de 30% par an. Ecart d’autant plus fort que le marché du PC faiblit.

Si demain les utilisateurs concentrent leurs usages sur les Smartphones et les tablettes, c’est autant d’utilisation en moins du PC traditionnel et au final une moindre dépendance vis à vis des technologies Microsoft. A moins que ce dernier ne se décide enfin à augmenter la cadence dans les développements d’applications sur iPhone et iPad par exemple… Aux dernières nouvelles, il faudra bien attendre 2013 pour avoir un Office sur iPad. Les utilisateurs auront le temps de s’habituer à d’autres outils. (Ceux d’Apple ou de Google par exemple).

2/ Un navigateur en panne

On se souvient de la guerre qui a opposé Netscape à Microsoft sur le navigateur. Internet Explorer est né pour battre Netscape Navigator, à la fois techniquement et commercialement. Le début du procès anti-trust de Microsoft n’a t il pas commencé à cette époque ? Internet Explorer avait gagné, il triomphait même en 2001 avec 94% de parts de marchés, c’était l’époque d’IE 6.

Depuis, c’est la chute, les parts de marchés ont fondu comme neige au soleil, si bien que maintenant, même si Internet Explorer garde une petite avance, c’est grâce aux anciennes versions encore présentes chez bon nombre de clients. Pire, Internet Explorer n’est plus le navigateur de référence chez les développeurs (échaudés il est vrai par les difficultés rencontrées encore à l’heure actuelle pour maintenir des applications utilisant IE6 et son code propriétaire). Il n’y a plus à proprement parler de navigateur de référence mais des navigateurs, en gros Chrome et Firefox principalement (ceux qui à tort où à raison sont le plus conformes au standard en devenir qu’est HTML5).

Le constat est simple : Microsoft n’est plus en mesure d’imposer ses APIs spécifiques dans le navigateur. Lorsque l’on évoque HTML5 comme futur standard des applications clientes, on voit bien que ce n’est ni plus ni moins la suprématie de l’API Windows qui est bel et bien menacée. Le mouvement a commencé avec la montée en puissance des tablettes par exemple.

A qui la faute ? La réponse est assez complexe, mais disons que pendant des années Microsoft n’a pas forcément investi le terrain du navigateur et s’est sans doute un peu endormi sur ses lauriers. On le voit bien, le terrain perdu sera difficile à reconquérir pour l’éditeur, les débuts difficiles d’IE 9 l’attestent. L’objectif « Parts de Marchés d’Internet Explorer » n’a sans doute pas été porté par toute l’organisation. Qui s’en souciait dans des groupes produits qui travaillent largement en silo ?

3/ Toujours une très forte dépendance à Windows

Les choses n’ont guère changé depuis des années, le chiffre d’affaire, mais surtout le bénéfice de Microsoft, sont toujours très largement dépendant de Windows et bien sur d’Office. Cela fait peur aux analystes qui jugent que la moindre attaque sur ces deux lignes de produit, le moindre décalage du marché causeraient une forte baisse des bénéfices et donc un risque pour les actionnaires. La baisse des chiffres de vente des PC et le fait que Microsoft ne soit pas, ou peu, présent sur le segment de la mobilité (Smartphones et Tablettes) en forte croissance, renforcent cette crainte.

L’adhérence applicative qui diminue vis à vis du PC n’est pas non plus de bonne augure. Ainsi les forces peuvent aussi devenir des faiblesses…

4/ Le client final, pendant longtemps oublié

Son succès, Microsoft le doit aux utilisateurs finaux. Au tout début, dans les entreprises, ce sont eux qui, contre l’avis souvent des directions informatiques, ont imposé les outils Microsoft. La liberté qu’offrait le PC vis à vis de l’informatique centrale et des mainframes en particulier, les utilisateurs l’ont saisi. Petit à petit Microsoft a grandi avec eux. Il fut une époque également où les DSI reprochaient à Microsoft de parler directement avec leurs utilisateurs et de « mettre le feu » chez eux, leur forçant la main pour telle ou telle technologie. On ne parlait pas encore de consumérisation, mais c’était le début.

Microsoft rentra dans le rang, discuta quasi exclusivement avec les « ITPro » (les professionnels de l’informatique) oubliant au passage un peu l’utilisateur final, laissant à ses divisions MSN et Jeux le soin de l’adresser. Dommage ! D’autres ont pris alors petit à petit la place de Microsoft : Ils ne nomment Apple, Google, Facebook etc. Pour s’en convaincre, regardez autour de vous combien d’entreprises du CAC 40 ont des iPhone ?

Combien n’ont pas de projets « iPad » ? Ont-elles seulement vu une fois un commercial Apple Grands Comptes ? La Consumérisation est passée par là. Microsoft prend cette direction, et c’est une bonne nouvelle, mais il a un bon bout de chemin à faire pour revenir dans cette course, en particulier en ce qui concerne son image et la perception que peuvent avoir les utilisateurs sur sa capacité d’innovation. La première tentative avec Windows Phone ayant été (tout au moins jusqu’à maintenant) un échec. Le lancement de Windows 8 l’année prochaine sera sans aucun doute le point d’orgue du recentrage de sa stratégie vers le client final.

5/ Une entreprise qui travaille trop en silos

Le management par objectifs c’est bien mais tout est question ici encore de dosage, de réglage fin. Les objectifs généraux de la société devant rester plus fort dans leur pondération que les objectifs individuels.

Ce management par objectifs poussé parfois à l’extrême, le découpage en Business Unit très indépendantes et les rivalités entre personnes qui ne manquent alors pas de survenir, sont sans doute les plus grands maux de Microsoft. Cela se ressent à tous les niveaux, prenez le cas d’une filiale : Qui sont ses concurrents ? Parfois, et trop souvent sans doute, c’est la filiale d’à coté. Il faut faire mieux que son voisin Microsoft ! Etre citée comme filiale de l’année est le Graal interne (avec des primes à la clé pour les dirigeants).

Coté groupes de développement chez Microsoft Corp, là aussi l’organisation est très segmentée et chacun travaille dans son silo. Exemple sur la concurrence à Dropbox : plusieurs solutions issues de différent groupes sont disponibles mais incompatibles les unes avec les autres : Skydrive qui offre le stockage mais pas la synchronisation (réalisé par les équipes MSN ), Live Mesh (issu des équipes .Net) qui fait de la synchronisation mais qui a un stockage très limité. On peut aussi citer Foldershare issu d'une société rachetée par Microsoft et dont l'usage est resté très confidentiel...

En gros Microsoft avait toute les cartes pour faire un concurrent à Dropbox mais a laissé passer l'opportunité du fait d’un manque de concertation entre les équipes.
Par certain côté la société est devenue trop grande, certes toujours en mouvement et plutôt agile mais trop grande. À moins que cela ne soit qu'un manque évident de communication ! Un comble pour l'éditeur d'Exchange, Lync et Sharepoint !
(L’Organisation des sociétés Informatiques – OWNI Aout 2011)

6/ Quid des pays émergents ?

Son succès en France, Microsoft le doit à un outil maintenant oublié - Multiplan- qui fut le premier tableur « localisé » et donc adapté au marché Français. Peu importe si Multiplan fut un échec hors de France, c’est ce produit qui est à l’origine de la création de la filiale française par Bernard Vergnes et peut-être plus encore : ce qui restera une maxime importante pour l’éditeur : « pour réussir dans un pays il faut des produits finementadaptés».

Dans le même ordre d’idée, où sont les produits Microsoft spécifiques ou adaptés pour les pays émergents ? Quels sont les parts de marché de l’entreprise sur ces marchés ?

Cette question n’est facile pour aucun acteur informatique, mais Microsoft fort de son expérience n’aurait-elle pas une carte à jouer ? Les tentatives d’OS « plus limité » (essentiellement pour des questions financières) n’ont pas été couronnées de succès. N’y a-t-il pas la place pour un système spécifique ? La forte dépendance à Windows est en train de diminuer pour tous, pour ces pays aussi demain, l’effet de masse pourrait jouer en faveur ou pas de l’éditeur…

7/ Une R&D en manque d’inspiration ?

C’est une vérité établie, si Microsoft est une société très présente dans les entreprises, la perception du grand public est celle d'une société dont le caractère innovant appartient au passé. Les communications de l'éditeur sur ses investissements en R&D n'y font rien. Avec un investissement 5 fois inférieur Apple paraît, aux yeux de beaucoup de consommateurs, comme bien plus innovante. (source : rapport annuels des éditeurs et constructeurs)

8/ Management exécutif

Beaucoup de Vice President emblématiques de Microsoft ont quitté l'entreprise ces derniers mois, souvent pour incompatibilité d'humeur avec d'autres dirigeants de l’entreprise (nous l’avons souvent relayé sur le blog Calipia) ou parfois parce qu’ils ne partageaient plus la même vision stratégique. Rien de bien alarmant, c’est souvent le cas dans les grosses structures. Mais un Steve Ballmer, qui a souvent voulu ménager la chèvre et le choux (on se souvient du téléphone Kin lancé aux US quelques mois avant Windows Phone 7, Steve Ballmer avait voulu ménager les équipes de Danger, société acquise un an plus tôt par Microsoft : un beau fiasco), n’y est peut-être pas pour rien.

La question de son successeur est maintenant ouvertement posée, à la fois par les analystes (on se souvient des propos de David Einhorn, patron emblématique du fonds d’investissement Greenlight Capital, qui a carrément demandé à Steve Ballmer de « s’écarter pour laisser sa chance à quelqu’un d’autre »…), mais aussi parfois en interne.

Ainsi, Steve Ballmer avait vu ses propos sur une sortie de Windows 8 en 2012 (le 23 mai dernier) contredits par un porte-parole qui était intervenu pour préciser que ces propos étaient inexacts.

Steve Ballmer n’a plus la cote non plus auprès des employés. Glassdoor qui effectue régulièrement des mesures de popularité des dirigeants d’entreprises en interne, publiait en avril un constat sans appel : Steve était en dernière position avec 40% (voir ci-dessous). Des résultats peu sympathiques, qui ne sont sans doute pas pleinement justifiés.

Pour avoir côtoyé Steve Ballmer à l’occasion de différents meetings clients que nous organisions, le personnage est plutôt très agréable, commercial dans le sang, et bon nombre de situations délicates en clientèle ont trouvé une issue grâce à son énergie et sa volonté. Seulement voilà, Microsoft, en manque dit-on de vision, doit peut-être maintenant changer de leader ? En tout cas diverses alternatives sont possibles : entre un Steven Sinofsky (Patron tout puissant de Windows), voire un scénario plus alambiqué avec un Stefen Elop revenant de Nokia… Les clés sont une fois de plus dans les mains du patron du conseil d’administration (un certain Bill Gates), qui lâchera ou pas son ami de 30 ans…

9/ La revanche des clients ?

Pendant des années les clients, en particulier les grands comptes ont eu un fort ressentiment vis à vis de Microsoft (à l'époque ou l'éditeur régnait en maître en décidant par exemple de supprimer les mises à jour - le contrat Select 6 - pour ceux qui s'en souviennent). Les clients ont recherché avec insistance des alternatives à l'éditeur, et ce furent les heures de gloire de l'open source et sa montée en puissance. C'est ce que les analystes appellent "La revanche du client".

Pour résumer, si les clients plébiscitaient de plus en plus les produits Microsoft ils aimaient un peu moins l'entreprise... Même si ce ressentiment a depuis largement disparu, un fond de défiance léger persiste encore, qui amène toujours les clients à se demander ce que cachent les divers changements opérés par l’éditeur.

10/ Moins de passion pour la technologie chez les salariés ?

L’histoire de Microsoft s’est construite sur la passion pour la technologie. Cette passion a été pendant de nombreuses années un des moteurs principaux d’adhésion des salariés à l’entreprise. Les employés, comme les dirigeants participaient à une « aventure », qui n’était pas moins que de réinventer l’informatique, ses usages, ses champs d’actions.

Aujourd’hui, d’autres sociétés se sont identifiées à cette mission. Aux embauches d’ingénieurs, y compris pour accomplir des fonctions commerciales, ont succédé des commerciaux le plus souvent sortis de grandes « business schools ». Une page est tournée, la raison l’a emporté sur la passion. Il en est de même à la tête de la société…(Source Indo DSI)